Titre : | Espagne 1936-1937 : La guerre dévore la révolution | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Henri Paetcher, Auteur | Editeur : | [Paris] : Spartacus | Année de publication : | 1986 | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-902963-16-4 | Résumé : | "J’avais lu et admiré, dès sa parution au début de 1939, à Paris, le livre qui est réédité aujourd’hui. Il s’appelait alors Espagne: creuset politique et il était signé d’un pseudonyme: Henri Rabasseire. Pseudonyme rendu nécessaire pour des raisons de sécurité, car l’auteur, un intellectuel allemand réfugié en France en 1933 pour échapper au national-socialisme, de son vrai nom Henri Paechter, craignait pour ses parents demeurés en Allemagne.
Le livre, après avoir consacré un bref rappel à la première révolution, celle de 1931, qui remplaça la monarchie par une «république sans révolutionnaires, une monarchie sans le monarque», traite de l’authentique révolution, celle qui riposta en juillet 1936 au putsch franquiste. Il s’arrête au lendemain des journées tragiques de Barcelone, en mai 1937, date où à la guerre civile révolutionnaire succéda la guerre internationale «en laquelle», selon l’auteur, la guerre civile a dégénéré», Dès lors, Henri Paechter s’applique à démontrer comment la guerre dévora la révolution. Leit-motiv qui fournit son titre au dernier chapitre de l’ouvrage et que le présent éditeur, en accord avec la veuve d’Henri Paechter, s’est permis de substituer à l’ancien titre, estimé aujourd’hui imprécis et inadéquat.
L’originalité de cette thèse, à l’époque où elle fut soutenue, me frappa vivement. Je devais d’ailleurs, plus tard, la réadapter dans les deux tomes de mon ouvrage la Lutte de classes sous la Première République (1946, refondu en 1968). J’y exposai avec preuves à l’appui comment la guerre de défense révolutionnaire qui battit son plein en 1793 se trouva dévorée par une guerre classique, d’essence et de composition bourgeoise, une guerre non plus de défense révolutionnaire mais d’expansion extérieure, menée non plus par des militaires plébéiens mais par de futurs maréchaux d’Empire, et dont les victoires seront des défaites pour la révolution sans-culotte.
C’est déjà dans cette optique que je consacrai une émission radiodiffusée au livre de Rabasseire-Paechter, le 15 avril 1939. Commentant l’analyse de l’auteur, je soutins que ce fut surtout la nécessité devant laquelle se trouva bientôt engagée la République de mener une véritable guerre qui précipita la résurrection du vieil État. Faute d’avoir poussé la révolution jusqu’au bout en laissant se développer les collectivisations industrielles et agricoles, «le gouvernement républicain laisse l’initiative passer du côté des insurgés et désormais il doit subir la véritable guerre que lui impose Franco (…) L’esprit de la révolution était presque incompatible avec l’organisation militaire (…) Le mythe de la victoire se substitua à la volonté révolutionnaire».
Au cours d’un long séjour aux États-Unis, en 1947-1948, j’eus la chance de renouer avec Paechter, devenu universitaire américain, si bien qu’il me fut possible, après son décès en 1980, de correspondre avec sa veuve et de la mettre en rapport avec mes amis des Cahiers Spartacus."
Daniel Guérin
[source: bataillesocialiste.wordpress.com] |
Espagne 1936-1937 : La guerre dévore la révolution [texte imprimé] / Henri Paetcher, Auteur . - [Paris] : Spartacus, 1986. ISBN : 978-2-902963-16-4 Résumé : | "J’avais lu et admiré, dès sa parution au début de 1939, à Paris, le livre qui est réédité aujourd’hui. Il s’appelait alors Espagne: creuset politique et il était signé d’un pseudonyme: Henri Rabasseire. Pseudonyme rendu nécessaire pour des raisons de sécurité, car l’auteur, un intellectuel allemand réfugié en France en 1933 pour échapper au national-socialisme, de son vrai nom Henri Paechter, craignait pour ses parents demeurés en Allemagne.
Le livre, après avoir consacré un bref rappel à la première révolution, celle de 1931, qui remplaça la monarchie par une «république sans révolutionnaires, une monarchie sans le monarque», traite de l’authentique révolution, celle qui riposta en juillet 1936 au putsch franquiste. Il s’arrête au lendemain des journées tragiques de Barcelone, en mai 1937, date où à la guerre civile révolutionnaire succéda la guerre internationale «en laquelle», selon l’auteur, la guerre civile a dégénéré», Dès lors, Henri Paechter s’applique à démontrer comment la guerre dévora la révolution. Leit-motiv qui fournit son titre au dernier chapitre de l’ouvrage et que le présent éditeur, en accord avec la veuve d’Henri Paechter, s’est permis de substituer à l’ancien titre, estimé aujourd’hui imprécis et inadéquat.
L’originalité de cette thèse, à l’époque où elle fut soutenue, me frappa vivement. Je devais d’ailleurs, plus tard, la réadapter dans les deux tomes de mon ouvrage la Lutte de classes sous la Première République (1946, refondu en 1968). J’y exposai avec preuves à l’appui comment la guerre de défense révolutionnaire qui battit son plein en 1793 se trouva dévorée par une guerre classique, d’essence et de composition bourgeoise, une guerre non plus de défense révolutionnaire mais d’expansion extérieure, menée non plus par des militaires plébéiens mais par de futurs maréchaux d’Empire, et dont les victoires seront des défaites pour la révolution sans-culotte.
C’est déjà dans cette optique que je consacrai une émission radiodiffusée au livre de Rabasseire-Paechter, le 15 avril 1939. Commentant l’analyse de l’auteur, je soutins que ce fut surtout la nécessité devant laquelle se trouva bientôt engagée la République de mener une véritable guerre qui précipita la résurrection du vieil État. Faute d’avoir poussé la révolution jusqu’au bout en laissant se développer les collectivisations industrielles et agricoles, «le gouvernement républicain laisse l’initiative passer du côté des insurgés et désormais il doit subir la véritable guerre que lui impose Franco (…) L’esprit de la révolution était presque incompatible avec l’organisation militaire (…) Le mythe de la victoire se substitua à la volonté révolutionnaire».
Au cours d’un long séjour aux États-Unis, en 1947-1948, j’eus la chance de renouer avec Paechter, devenu universitaire américain, si bien qu’il me fut possible, après son décès en 1980, de correspondre avec sa veuve et de la mettre en rapport avec mes amis des Cahiers Spartacus."
Daniel Guérin
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