Titre : | Histoire du mouvement anarchiste 1945-1975 | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Roland BIARD (1942-1998), Auteur | Editeur : | [Paris] : Éditions Galilée | Année de publication : | 1976 | Collection : | Coup pour coup | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7186-0045-1 | Résumé : | Extrait page 203-205 :
"Les 17 et 18 mai 1969 se réunissent à Paris quelques dizaines de militants et ex-militants communistes libertaires ou se référant à cette étiquette. Sont présents des membres de la Jeunesse Anarchiste Communiste, de la Tribune Anarchiste Communiste, des militants de l'ex-Fédération Communiste Libertaire et des isolés. À l'origine de cette initiative, nous retrouvons l'ancien secrétaire de la F.C.L. : Georges Fontenis. Cette « réapparition » publique de celui qui fut l'un des militants les plus contestés des années 1950 n'allait pas sans provoquer quelques remous. Bien qu'ayant pris soin de s'adresser uniquement à des jeunes militants – issus de 1968 – Fontenis dut répondre à des séries de mises en demeure d'explication. Sa présence hypothéquait d'ailleurs jusqu'à l'existence même du M.C.L. La T.A.C. décida de se retirer très rapidement, préférant adhérer au Comité d'Initiative pour un Mouvement Révolutionnaire. D'autres militants s'abstinrent d'y participer pour n'avoir pas à rompre avec le mouvement traditionnel.
En dehors de l'hypothèque que représentait la personne même de son initiateur, le M.C.L. Ne put se développer. En effet, dés l'origine, des tendances spontanéistes et conseillistes (ou considérées comme telles) se firent jour. Les structures organisationnelles furent limitées à leur plus simple expression : assemblées générales et « comité de liaison » sans pouvoir quelconques.
Mais contrairement à l'O.R.A., le M.C.L. dès son origine fit une large place à la recherche théorique et à l'analyse. Nous en voudrons pour témoin l'édition en 1969 d'un « Texte de base théorique ».
le M.C.L. met l'accent dans ses différents textes sur la rupture nécessaire avec le mouvement traditionnel, ainsi que sur la nécessité d'une approche des réalités qui emprunte au marxisme un certain nombre d'instruments d'analyse (cette restriction et la non-adoption du marxisme comme principes de base provoquèrent les premiers départs du M.C.L. : les néo-situationnistes). Le but assigné au projet révolutionnaire communiste libertaire est la REVOLUTION TOTALE. Celle-ci doit nécessairement, au niveau infrastructurel, reposer sur le principe de l'AUTOGESTION GENERALISEE et le POUVOIR DES CONSEILS. L'organisation « spécifique » des communistes libertaires doit permettre l'action d'ensemble contre les forces de répression, lutter contre les récupérations bureaucratiques. Mais cette organisation n'a pas un rôle directeur (l'« avant-garde »). tout au contraire, elle doit se garder des déformations bureaucratiques et la tendance à l'« avant-gardisme ». aussi, l'organisation doit-elle inspirer dans ses principes mêmes des principes autogestionnaires. Ceux-ci ne sont d'ailleurs pas une « vue de l'esprit ». La pratique ouvrière quand elle n'est pas hypothéquée par les syndicats par les syndicats et partis réformistes, doit servir de modèle. Les « Comités d'action », les « Comités de grèves »... sont l'expression authentique des formes de luttes prolétariennes. L'Organisation, tout en s'inspirant à l'intérieur d'elle-même de ceux-ci, doit avoir pour but de favoriser et de coordonner toutes les luttes qui se déroulent sur ces bases, combattre leur détournement et susciter, chaque fois que cela est possible, leur mise en place.
Les principales thèses défendues par le M.C.L. à son origine sont donc d'origines multiples. En défendant des principes organisationnels relativement étoffés, sans être bureaucratiques, il s'inspire de la Plate-Forme d'Archinoff. Le reste des considérants (analyse du capitalisme...) semblent, eux; fortement s'inspirer du luxembourgisme.
L'ambiguïté au départ n'est pas telle qu'elle nuise à la construction du M.C.L. Mais très rapidement, des divergences vont surgir au fur et à mesure que les notions vont s'affiner.
Dès la fin de 1969, le M.C.L. peut être considéré comme un échec, si ce n'est par le fait que, comme l'O.R.A., il n'a pas su attirer à lui les nombreux jeunes militants issus de mai 1968, ni provoquer une prise de conscience du reste du Mouvement." |
Histoire du mouvement anarchiste 1945-1975 [texte imprimé] / Roland BIARD (1942-1998), Auteur . - [Paris] : Éditions Galilée, 1976. - ( Coup pour coup) . ISBN : 978-2-7186-0045-1 Résumé : | Extrait page 203-205 :
"Les 17 et 18 mai 1969 se réunissent à Paris quelques dizaines de militants et ex-militants communistes libertaires ou se référant à cette étiquette. Sont présents des membres de la Jeunesse Anarchiste Communiste, de la Tribune Anarchiste Communiste, des militants de l'ex-Fédération Communiste Libertaire et des isolés. À l'origine de cette initiative, nous retrouvons l'ancien secrétaire de la F.C.L. : Georges Fontenis. Cette « réapparition » publique de celui qui fut l'un des militants les plus contestés des années 1950 n'allait pas sans provoquer quelques remous. Bien qu'ayant pris soin de s'adresser uniquement à des jeunes militants – issus de 1968 – Fontenis dut répondre à des séries de mises en demeure d'explication. Sa présence hypothéquait d'ailleurs jusqu'à l'existence même du M.C.L. La T.A.C. décida de se retirer très rapidement, préférant adhérer au Comité d'Initiative pour un Mouvement Révolutionnaire. D'autres militants s'abstinrent d'y participer pour n'avoir pas à rompre avec le mouvement traditionnel.
En dehors de l'hypothèque que représentait la personne même de son initiateur, le M.C.L. Ne put se développer. En effet, dés l'origine, des tendances spontanéistes et conseillistes (ou considérées comme telles) se firent jour. Les structures organisationnelles furent limitées à leur plus simple expression : assemblées générales et « comité de liaison » sans pouvoir quelconques.
Mais contrairement à l'O.R.A., le M.C.L. dès son origine fit une large place à la recherche théorique et à l'analyse. Nous en voudrons pour témoin l'édition en 1969 d'un « Texte de base théorique ».
le M.C.L. met l'accent dans ses différents textes sur la rupture nécessaire avec le mouvement traditionnel, ainsi que sur la nécessité d'une approche des réalités qui emprunte au marxisme un certain nombre d'instruments d'analyse (cette restriction et la non-adoption du marxisme comme principes de base provoquèrent les premiers départs du M.C.L. : les néo-situationnistes). Le but assigné au projet révolutionnaire communiste libertaire est la REVOLUTION TOTALE. Celle-ci doit nécessairement, au niveau infrastructurel, reposer sur le principe de l'AUTOGESTION GENERALISEE et le POUVOIR DES CONSEILS. L'organisation « spécifique » des communistes libertaires doit permettre l'action d'ensemble contre les forces de répression, lutter contre les récupérations bureaucratiques. Mais cette organisation n'a pas un rôle directeur (l'« avant-garde »). tout au contraire, elle doit se garder des déformations bureaucratiques et la tendance à l'« avant-gardisme ». aussi, l'organisation doit-elle inspirer dans ses principes mêmes des principes autogestionnaires. Ceux-ci ne sont d'ailleurs pas une « vue de l'esprit ». La pratique ouvrière quand elle n'est pas hypothéquée par les syndicats par les syndicats et partis réformistes, doit servir de modèle. Les « Comités d'action », les « Comités de grèves »... sont l'expression authentique des formes de luttes prolétariennes. L'Organisation, tout en s'inspirant à l'intérieur d'elle-même de ceux-ci, doit avoir pour but de favoriser et de coordonner toutes les luttes qui se déroulent sur ces bases, combattre leur détournement et susciter, chaque fois que cela est possible, leur mise en place.
Les principales thèses défendues par le M.C.L. à son origine sont donc d'origines multiples. En défendant des principes organisationnels relativement étoffés, sans être bureaucratiques, il s'inspire de la Plate-Forme d'Archinoff. Le reste des considérants (analyse du capitalisme...) semblent, eux; fortement s'inspirer du luxembourgisme.
L'ambiguïté au départ n'est pas telle qu'elle nuise à la construction du M.C.L. Mais très rapidement, des divergences vont surgir au fur et à mesure que les notions vont s'affiner.
Dès la fin de 1969, le M.C.L. peut être considéré comme un échec, si ce n'est par le fait que, comme l'O.R.A., il n'a pas su attirer à lui les nombreux jeunes militants issus de mai 1968, ni provoquer une prise de conscience du reste du Mouvement." |
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