Titre : | Enjeux de l'oeuvre dans la pratique théâtrale d'éducation populaire contemporaine : Thèse de doctorat - Études théâtrales | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Mathieu CIPRIANI, Auteur | Editeur : | Lyon : Université Lumière Lyon 2 | Année de publication : | 2020 | Importance : | 502 p. | Langues : | Français | Résumé : | La plupart des discours que tiennent les militants de l’éducation populaire accordent à la notion d’œuvre une place centrale. Aussi pour clarifier cette notion nous faut-il contourner l’écueil des débats opposant à un théâtre d’art autonome un théâtre à fonction sociale. Nous avons analysé un corpus de pièces de théâtre, étudié les archives, les écrits et les témoignages de quatre praticiens qui nous semblent les plus emblématiques de ce mouvement théâtral aujourd’hui, à savoir Armand Gatti, Augusto Boal, Franck Lepage et Robin Renucci. Le champ de notre recherche se limite à une séquence historique située en France, entre le début des années 1980 et les années 2010. À la Libération en 1945, le mouvement d’éducation populaire est en plein essor, mais après avoir provisoirement été rattaché au ministère des affaires culturelles en 1959, il sera renvoyé au secrétariat Jeunesse et Sports. Dès lors ce mouvement s’est bâti sur une opposition à la politique culturelle de Malraux et à l’animation socioculturelle, apparue avec les événements de mai 1968, alors qu’il rassemble en lui-même ces deux modèles de démocratie culturelle. Dans les années 1980, à cette tension s’ajoute l’incompatibilité de l’éducation populaire avec les paradigmes de l’industrie culturelle et l’injonction à la professionnalisation des activités artistiques. Aussi, la pratique théâtrale d’éducation populaire semble s’effacer d’elle-même du projet de décentralisation théâtral qu’elle a pourtant initié. Car les œuvres théâtrales d’éducation populaire seraient faites de la double rencontre entre la création et l’animation, des artistes professionnels et un groupe amateur, c’est-à-dire de l’enchevêtrement de deux types de savoirs hétérogènes. La mise en relation de ces savoirs consiste à faire apprendre aux participants à réparer leur sentiment d’impuissance. L’enjeu de cet apprentissage consiste à renforcer chez ces derniers leur capacité à demander ultérieurement la réparation des inégalités et des situations d’injustice dont ils sont la cible. L’œuvre d’éducation populaire suppose un investissement subjectif singulier. Mais la bienveillance politique avec laquelle les artistes éducateurs procèdent serait inopérante sans une méthode rigoureuse qui s’inscrit dans une procédure d’auto-action pédagogique. Il s’agit de mettre en œuvre la capacité des participants à être auteur de leur propre production, à coopérer, à entrer dans un débat contradictoire pour délibérer. Le conflit a donc une fonction pédagogique. Pour cela, les œuvres inaugurent des zones de sécession, des chemins de traverse où s’expérimentent par l’activité de création théâtrale, une autre manière d’apprendre, une autre manière de considérer les modes de production, où se cultivent de nouvelles modalités d’être ensemble par l’expérience concrète d’une activité commune. Ainsi ce qui ferait œuvre dans la PTEP serait le rêve, le désir utopique d’un autre monde à construire. |
Enjeux de l'oeuvre dans la pratique théâtrale d'éducation populaire contemporaine : Thèse de doctorat - Études théâtrales [texte imprimé] / Mathieu CIPRIANI, Auteur . - Lyon : Université Lumière Lyon 2, 2020 . - 502 p. Langues : Français Résumé : | La plupart des discours que tiennent les militants de l’éducation populaire accordent à la notion d’œuvre une place centrale. Aussi pour clarifier cette notion nous faut-il contourner l’écueil des débats opposant à un théâtre d’art autonome un théâtre à fonction sociale. Nous avons analysé un corpus de pièces de théâtre, étudié les archives, les écrits et les témoignages de quatre praticiens qui nous semblent les plus emblématiques de ce mouvement théâtral aujourd’hui, à savoir Armand Gatti, Augusto Boal, Franck Lepage et Robin Renucci. Le champ de notre recherche se limite à une séquence historique située en France, entre le début des années 1980 et les années 2010. À la Libération en 1945, le mouvement d’éducation populaire est en plein essor, mais après avoir provisoirement été rattaché au ministère des affaires culturelles en 1959, il sera renvoyé au secrétariat Jeunesse et Sports. Dès lors ce mouvement s’est bâti sur une opposition à la politique culturelle de Malraux et à l’animation socioculturelle, apparue avec les événements de mai 1968, alors qu’il rassemble en lui-même ces deux modèles de démocratie culturelle. Dans les années 1980, à cette tension s’ajoute l’incompatibilité de l’éducation populaire avec les paradigmes de l’industrie culturelle et l’injonction à la professionnalisation des activités artistiques. Aussi, la pratique théâtrale d’éducation populaire semble s’effacer d’elle-même du projet de décentralisation théâtral qu’elle a pourtant initié. Car les œuvres théâtrales d’éducation populaire seraient faites de la double rencontre entre la création et l’animation, des artistes professionnels et un groupe amateur, c’est-à-dire de l’enchevêtrement de deux types de savoirs hétérogènes. La mise en relation de ces savoirs consiste à faire apprendre aux participants à réparer leur sentiment d’impuissance. L’enjeu de cet apprentissage consiste à renforcer chez ces derniers leur capacité à demander ultérieurement la réparation des inégalités et des situations d’injustice dont ils sont la cible. L’œuvre d’éducation populaire suppose un investissement subjectif singulier. Mais la bienveillance politique avec laquelle les artistes éducateurs procèdent serait inopérante sans une méthode rigoureuse qui s’inscrit dans une procédure d’auto-action pédagogique. Il s’agit de mettre en œuvre la capacité des participants à être auteur de leur propre production, à coopérer, à entrer dans un débat contradictoire pour délibérer. Le conflit a donc une fonction pédagogique. Pour cela, les œuvres inaugurent des zones de sécession, des chemins de traverse où s’expérimentent par l’activité de création théâtrale, une autre manière d’apprendre, une autre manière de considérer les modes de production, où se cultivent de nouvelles modalités d’être ensemble par l’expérience concrète d’une activité commune. Ainsi ce qui ferait œuvre dans la PTEP serait le rêve, le désir utopique d’un autre monde à construire. |
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